L'héliciculture en Poitou Charente
Un peu d’historique de l'héliciculture en Poitou Charente par Jean Pierre Feugnet (Janvier 2013)
note de l'éditeur (Philippe Thomas) : après nous avoir fait partager ses archives, Jean Pierre Feugnet poursuit son travail de mémoire, ou pour la mémoire, avec cet article axé cette fois sur sa Région. En me le transmettant, il indiquait "Voici l'historique hélicicole en Poitou Charente pour ce que j'en sais". Il n'a donc pas la prétention de faire œuvre d'historien, d'autant plus qu'il est lui-même un acteur de cette histoire, mais il apporte son important témoignage, il était quand même bien placé ! Tout le monde sera intéressé, le lecteur "héliciculteur de longue date" retrouvera avec une certaine nostalgie ses jeunes années et le jeune verra avec curiosité les méandres suivis par la profession dans cette région phare de l'héliciculture durant ces dernières décennies. Tout n'a pas toujours bien fonctionné mais Jean Pierre Feugnet a pris garde, avec une grande sagesse, de ne pas rouvrir des plaies. Il est clair qu'il est toujours difficile de monter quelque chose à plusieurs, surtout s'il y a un aspect financier, la bonne idée et l'enthousiasme ne suffisent pas. Même pour l'organisation, les querelles de l'époque font écho à celles d'aujourd'hui... Mais l'héliciculture est solide au pays des cagouilles qui compte toujours aujourd'hui les plus grosses unités d'élevage de France.
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Avec le petit gris (Helix Aspersa Muller), notre « cagouille », les « cagouillards du Poitou Charente » ont toujours été intéressés par l’élevage de ce gastéropode, plat traditionnel d’un repas de Noël. Ramassés dans les haies ou la vigne (prédation), les non bordés étaient engraissés en parcs au sol puis stockés avec les autres bordés dans des caisses bois ou cartons voire des « javelles » (fagots de sarments de vigne) entourées de cendres, le tout conservé dans un endroit sec, cave ou grenier, à l’abri du gel.
1975
Sanders installe une unité expérimentale hélicicole à La Tremblade (17390). Le responsable en est M Peyre (ingénieur agronome). Etude sur petits gris et gros gris et aussi écrevisses.
1 mars 1976
Mis en place de « Feugnet Héliciculture » à St Bonnet sur Gironde 17150. Dans les installations au sol, 3 souches d’escargots sont introduites : la première est composée d’adultes petits gris en provenance des polders du mont St Michel et de juvéniles nés en Bretagne ; la deuxième souche 300kg d’adultes provient de St Paul Trois Châteaux dans la Drôme par l’intermédiaire du marché des Capucin à Bordeaux. La troisième souche se compose d’une cinquantaine de gros gris le 5 juin 1976, par M Peyre. Ces escargots provenaient du Maroc. Ils ont été placés en mixité avec les petits gris.
1977
« Feugnet Héliciculture » : Engraissement en parcs au sol et hors sol.
Janvier 1980
« Feugnet héliciculture » devient « Escargots Charentais » pour la partie « produits élaborés » en mettant en marche une unité de transformation des escargots sous le N° de l’Inspection Sanitaire Vétérinaire des plats cuisinés : «17 371 PC». Elle a fonctionné jusqu’en 2003 (retraite).
Mars 1980
François Marchesseau, Pisciculture Héliciculture de Lussais (71200), avec Jacques Jean Baratou (Sanders) créent une unité d’engraissement des escargots avec bacs hors sol en bâtiment chauffés.
Juin 1980
Une cellule de recherche hélicicole est implantée à la station pluridisciplinaire de l’INRA du Magneraud à St Pierre d’Amilly 17700 Surgères dirigée par Jean louis Vrillon. Cette cellule, placée dans les anciens locaux de recherche avicole, est orchestrée par Jean Claude Bonnet (ingénieur) et renforcée par Pierrick Aupinel. Les synthèses de ces travaux sont mentionnées dans un livre culte : « L’escargot helix aspersa, biologie élevage » aux éditions de l’INRA Paris, 1990. Il y aura aussi ensuite Mathilde Dupont-Nivet pour les recherches en génétique.
19 Septembre 1980
François Barabé crée HELICO (Association Régionale pour la promotion de l’héliciculture en Poitou Charente) avec une zone d’action favorable, dans la nature, à l’élevage du « PETIT GRIS », la côte atlantique, des bords de la Loire aux Pyrénées. Ce Président, ancien cadre dans le privé, a essayé avec beaucoup de dynamisme et d’altruisme de nouer des liens étroits entre les organismes nationaux, régionaux, les unités de recherche et les éleveurs. Son idée était, au travers des compétences, des individualités de chaque éleveur, de créer une filière hélicicole cohérente en Poitou Charente avec une recherche de spécialisation dans les tâches : naisseurs (Eymet en Dordogne, Feugnet en Charente Maritime), laboratoires de transformation à Bizanos (M Félard), M Clergeau en Vendée, J Coutan en Touraine, JP Feugnet en Charente Maritime et une trentaine d’éleveurs. Il avait presque réussi à la fin des années 80, mais sur le plan national les divisions, les jalousies, les peaux de bananes et autres savonnettes ont eu raison de son action. J’en étais le vice président, j’assurais mes méthodes de productions des œufs et des juvéniles, mes gros gris, la gestion du laboratoire, ma commercialisation et je reçois un jour, en 1986, une grande enveloppe griffonnée, comme quand on parle au téléphone avec « I’m the BOSS- that’s why ! ». Peut-être, mais pas chez moi. J’avais quitté un patron en 1976. J’ai donc donné ma démission de vice président, mais continué ma collaboration à Hélico sans le joug.
1985
Feugnet Héliciculture débute la production des œufs pour Alain Chatillon...
1986
...puis la production de juvéniles sous le nom de « France Naissain ».
1987
Fabien Jacques, Maire de Landrais (17290), met en place Heliland, association économique en milieu rural. Cette association promeut la filière hélicicole par la mise en place d’élevage dans la commune et aidera à l’installation d’une unité de transformation (voir 1989). Aujourd’hui, Fabien, restaurateur (restaurant « le Bateau Lavoir » à Landrais, anime toujours, à sa façon cette filière hélicicole.
Cette même année, « Perdriole » les Ballets Populaires d’Aunis (chargé des relations extérieures : Claude Moreau) organisent la première fête du LUMA (escargot) le 5 juillet 1987 avec la présence de l’INRA et d’HELICO. Cette première fête de la cagouille perdure aujourd’hui et a lieu tous les deux ans.
1988
Claude Moreau (Grand Maitre) met en place la Confrérie de la Cagouille. Son action : promouvoir l’élevage de l’escargot, les produits hélicicoles ainsi que la gastronomie en France et à l’étranger. Son action se perpétue encore sous forme de Chapitres annuels et de Colloques hélicicoles.
La Chambre d’Agriculture de Charente Maritime rassemble une dizaine de personnes ayant la fibre hélicicole, les initie, leur trouve quelques stages et fonde le Syndicat des Producteurs Eleveurs d’Escargots de Charente Maritime (SPEECM). Parmi ces futurs éleveurs nous y trouvons LM Guédon et J Moinard.
1989
Fabien Jacques (Héliland) et Pierre Druette monte une unité de transformation des escargots à Landrais (17) : Druette Gastronomie et organisent « la Chambre Syndicale d’Héliciculture » 9 rue des 2 Moulins, 17290 Landrais.
La Chambre d’Agriculture de Charente Maritime installe une autre unité de transformation d’escargots à St Genis de Saintonge (17). Le SPEECM devient alors « les Fermes Hélicicoles de Saintonges ». Sans formation en IAA (Industrie Agricole et Alimentaire) et en gestion, les gérants sont rapidement au seuil d’incompétence, les Fermes ferment ! Quelques éleveurs que « Feugnet Héliciculture » fournit en juvéniles continuent l’engraissement.
1993
Jean Moinard, LM Guédon, JPFeugnet s’unissent en Union des Héliciculteurs de la Charente Maritime (MGF).
1994
Jean Philippe Rousseau s’installe comme héliciculteur à Mons 17160.
1995
Par lassitude, ma femme et moi, « Feugnet Héliciculture », décidons de séparer les tâches de « France Naissain ». La partie ponte est toujours effectuée dans les unités de reproduction de St Bonnet sur Gironde (17) et de St Sorlin (17), mais la partie écloserie et transférée à Champagnolles (17) en collaboration avec Louis Marie Guédon.
LM Guédon, JP Feugnet, J Moinard, L Petit et C Ptack fondent la société AGRELIX. Après quelques difficultés dans la gérance, les 3 principaux actionnaires décident de dissoudre proprement cette société, sans aucune dette.
1996
En mars, les éleveurs Mme Corinne Calvel, MM Louis Marie Guédon, Jean Pierre Feugnet, Michel Soulet, Jean Philippe Rousseau, François Godet, Atanas Yalamov, Eddie Delbex, en s’appuyant sur l’aide du Poitou Charente, recherchent une reconnaissance, une certification, un label de leurs produits et commercialisent sous le sigle « FRANCE ESCARGOTS ». Trop d’individualités et d’intérêts personnels, beaucoup d’énergie et de lassitude, c’est l’arrêt.
Michel Soulet crée : « Les Escargots du Père Soulet à 79160 Dilay D’Ardin.
Mise en place d’un élevage hélicicole « Charente Escargots » à Lorignac 17240 par M Mme Petit.
1999
Fin décembre, c’est la tempête, l’unité de reproduction de St Sorlin, en pleine activité, placée dans les marais de l’estuaire de la Gironde est saccagée par le vent et inondée par le raz de marée (aide de l’armée et de la protection civile).
2000
Création de la SARL REVHELIX-Nomades des Jardins à 86430 Agriers, avec une reproduction totalement inspirée des « HAMACS » Feugnet.
2002
Après une délicate remise en activité « Feugnet Cyrille Héliciculture » loue les ateliers. Le locataire n’est pas sérieux et ne paie pas. Un procès, certes gagné, mais décision définitive d’arrêter la production.
2013
A ce jour, il y a un nombre relativement important d'élevages hélicicoles en Poitou Charentes, dont 3 unités importantes qui perdurent :
Escargot du Terroir, Louis Marie Guédon à Champagnolles (17) | Bellor, Jean Philippe Rousseau à Mons (17) | Nomades des Jardins, Stéphane Marteau Agriers (86) |
l' A.P.E.P.C. ( Association des Producteurs d'Escargots du Poitou-Charentes ) présidée par Stéphane Marteau a mis en place un label de qualité, le cahier des charges "signé Poitou-Charentes".
Pour la promotion de l’escargot :
La confrérie de la Cagouille à St Sauveur d’Aunis avec Claude Moreau (Grand Maître), Jean Claude Bonnet (INRA).
Héliland avec Fabien Jacques et son restaurant (le Bateau Lavoir) à Landrais (17)
Pour les aliments :
Antigny Nutrition avec Denis Billaud, usine de Berton (85) Le Boupère.